Isabel Leonard chante Shéhérazade

‌C’est en compagnie de l’irrésistible soprano américaine Isabel Leonard que nous voyageons au pays de la fantasy et du raffinement. Grieg a composé Peer Gynt en tant que musique de scène pour une comédie fantastique d’Ibsen. Un antihéros, prétentieux et aventureux, y part défier le vaste monde et rate tout ce qu’il entreprend! Le Matin est bien connu pour son solo de flûte mélodieux et incantatoire qui finit par gagner tout l’orchestre : le soleil se lève sur les paysages norvégiens du Vestlandet. La suite se termine par la célèbre danse grotesque du Hall du roi de la montagne.

Levons le camp sous la baguette de Lina González-Granados – qui fut cheffe en résidence à l’Orchestre de Philadelphie, sous la supervision de Yannick Nézet-Séguin – pour diriger le triptyque Shéhérazade de Ravel, un des trésors de la mélodie française. Le compositeur nous ouvre les portes d’un Orient fantasmé à travers une instrumentation raffinée, qui ménage une conflagration orchestrale inattendue sur le mot « haine » à la fin de la première partie. Art de l’humilité, de la simplicité, de la délicatesse, la sophistication s’y abrite derrière un naturel subtil. Le mystère de L’Indifférent (3^e partie) annonce celui des Variations Enigma d’Elgar. Cette œuvre symphonique ensorcelante développe un thème indéfinissable qui a suscité les interprétations les plus fantaisistes, avant une variation finale éblouissante.